Le prix des cryptomonnaies est
déterminé par le marché, c’est-à-dire par
la rencontre de l’offre et de la demande.
Il varie selon que l’un ou l’autre l’emporte. Mais sur ce marché spécifique, le prix est aussi largement impacté par la propension d’une partie des acteurs à spéculer. Il en résulte une très grande volatilité.
Les stablecoins sont présentés comme des cryptoactifs pouvant s’échanger à un prix stable à tout moment.
Cette stabilité est assurée en adossant le stablecoin à d’autres actifs financiers :
Le maintien de la parité est assuré de façon classique par la constitution de réserves ou via des algorithmes et des smart contracts.
En facilitant les échanges d’une cryptomonnaie vers de la monnaie fiduciaire, les stablecoins évitent
les conversions successives entre cryptomonnaies, notamment vers le Bitcoin, et favorisent donc les échanges.
L'émission de stablecoins n'est pas encadrée à ce jour en Europe. Cela devrait changer avec l'entrée en vigueur du règlement Mica qui prévoit
une supervision des émetteurs.
La semaine dernière, Bloomberg annonçait que l’agence de notation Moody’s travaillait sur un système de notation des stablecoins. Intéressant, quand on sait le rôle qu’ont joué ces fameuses notes dans la formation de la bulle spéculative autour des subprimes.
Quel lien peut-on faire entre ces deux sujets ?
Les stablecoins sont des valeurs-refuge pour un nombre grandissant d’investisseurs qui souhaitent se protéger de la volatilité sur le marché des cryptos. Leur notation par une agence de renommée mondiale aura une importance considérable pour eux. De plus, les stablecoins sont vendus comme étant particulièrement sûrs en cas de mouvements disruptifs sur les marchés. Leurs réserves sont censées, en effet, permettre les rachats à tout moment, même en cas de rachats massifs.
Mais ça n’est évidemment pas aussi simple ! Et la plupart des mécanismes supposés assurer la stabilité des stablecoins sont extrêmement complexes. La chute du stablecoin TerraUSD en est l’un des exemples les plus célèbres.
Certains régulateurs voyaient déjà d’un mauvais œil ses actifs présentés comme trop sûrs, mais depuis la chute du TerraUSD, les stablecoins sont clairement dans leur viseur. Partout dans le monde, des initiatives législatives visent à superviser la gouvernance et le suivi de l’émission des stablecoins. Certains sont particulièrement fustigés : les stablecoins algorithmiques. L’autorité de régulation d’Hong Kong en a d’ores et déjà banni l’utilisation.
Tous les stablecoins ne reçoivent donc pas le même accueil car ils ne représentent pas tous le même niveau de risques.
Pour certains, tous les cryptoactifs revendiquant l’appellation de stablecoin ne la méritent pas forcément et, pour d’autres, certains stablecoins relèvent même de la pure arnaque.
Il y a donc plusieurs définitions des stablecoins mais, en résumé, il n’y en a que trois types : les stablecoins dits classiques qui fonctionnent avec des réserves de façon centralisée ou décentralisée et les stablecoins algorithmiques.
Leur valeur est adossée à un actif off chain conservé en réserve chez un tiers, appelé dépositaire, conformément à une parité prédéterminée. En général, l’actif est une monnaie fiat et la parité de 1 pour 1.
Fonctionnement :
Une unité de cryptomonnaie (un token) ne peut être émise qu’après qu’une unité de monnaie fiat (ex. dollar) a été déposée chez le dépositaire. Inversement, un token est définitivement retiré de la circulation (« burn ») dès que l’équivalent d’un dollar est retiré du compte ouvert dans les livres du dépositaire.
Le montant des réserves varie en parallèle du montant de cryptomonnaie en circulation.
Inconvénients :
Ces stablecoins sont dit centralisés, car ils impliquent l’intervention d’une tierce partie, le dépositaire. Celui-ci vérifie l’existence du collatéral et garantit la parité du stablecoin. Cela engendre nécessairement un coût auquel devrait s’ajouter celui d’audits indépendants réguliers permettant d’assurer la confiance du marché.
A ce titre, bien qu’étant le plus ancien et le plus répandu des stablecoins centralisé, le Tether est régulièrement pointé du doigt pour son manque de transparence sur ces réserves.
Le groupe a d’ailleurs écopé d’une amende de 41 millions de USD fin 2021 prononcée par la CFTC (Commodity Futures Trading Commission, l’AMF américain) en raison de mouvements suspects en provenance de Bitfinex devant permettre d’afficher un niveau de réserves satisfaisant juste avant la clôture trimestrielle.
Adossé au dollar
Capitalisation : 68.1 milliards $
Adossé à l’or
Capitalisation : 507.37 million $
Leur valeur est garantie par la constitution d’une réserve d’autres cryptomonnaies, actifs on chain, sans qu’aucune entité de centralisation n’intervienne. Le marché des cryptomonnaies étant très volatil, le collatéral est dit « surdimensionné » : au lieu d’être de 1 pour 1, la parité requise est généralement plutôt autour de 2 pour 1.
Adossé à l’Ether (ETH)
Capitalisation : 5.1 milliards $
Adossé à l’USDC
Fonctionnement :
Pour une parité de 2 pour 1, une unité de stablecoin ne peut être émise qu’après que deux unités de cryptomonnaie a été mise en garantie via smart contracts. Si la parité n’est plus respectée, le protocole ajuste automatiquement le montant de réserve.
Inconvénients :
Ces stablecoins sont toujours sujets au risque de volatilité sur l’actif qui sert de collatéral. De plus, le collatéral étant immobilisé en réserve, il fait supporter aux investisseurs un coût d’opportunité élevé.
Contrairement aux autres stablecoins, les stablecoins algorithmiques n’assurent pas le maintien de leur parité par la constitution de réserves, mais par l’exécution d’algorithmes et de smart contracts.
Fonctionnement :
Le protocole blockchain permet de monitorer et d’ajuster la quantité de cryptomonnaie en circulation afin que le stablecoin maintienne sa parité avec l’actif sous-jacent (une monnaie fiat ou autre). Ainsi un ensemble de mécanismes automatiques va permettre d’émettre des unités de cryptomonnaie en plus lorsque le prix du stablecoin est au-dessus de celui du sous-jacent et à l’inverse de bruler des unités de cryptomonnaie lorsque le prix est en-deçà de celui du sous-jacent.
C’est le même mécanisme que pratiquent les banques centrales lorsqu’elles font de la politique monétaire. La grosse différence ici est que le mécanisme d’ajustement est assuré de façon décentralisée.
Ce type de stablecoins permet d’éviter de mettre en réserve des actifs qui pourraient être investis ailleurs. Néanmoins, ce modèle de double token ne permet pas de maintenir un équilibre en cas de variations importantes sur le marché et fait courir un risque de spirale baissière, le plus souvent fatale. Ce fut le cas avec le décrochage du Luna qui entraîna la chute de son stablecoin, le Terra USD (UST).
Adossé au FXS (Frax Share)
Capitalisation : 1 milliard $
Adossé au Luna